La régurgitation chez les perroquets, causes et fonction
Chez les perroquets, il est un comportement fréquemment observable et pourtant déconcertant pour les maîtres néophytes, un oiseau qui recrache sa nourriture. A défaut de compagnon à plumes, il remplace généralement ce dernier par son humain. A quoi cela sert-il ? Faut-il réagir ? Si oui, comment ?
Certains maîtres s’affolent la première fois que leur oiseau régurgite devant eux, croyant à un vomissement. Or, cela n’a rien à voir, il s’agit d’un phénomène radicalement différent, d’un acte volontaire. Le vomissement lui, n’est pas provoqué sciemment par l’animal, mais par un problème de santé annexe, qui lui fait expulser malgré lui la nourriture absorbée.
La régurgitation est souvent étroitement liée à la reproduction. Skeate a mis cela en évidence en 1984. La femelle réclame au mâle de la nourriture en ébouriffant ses plumes, grattant le sol, et baissant la tête. Elle émet aussi de petits gloussements significatifs. La tête du mâle est agitée par des secousses de haut en bas. Il saisit alors le bec à angle droit, puis régurgite, autrement dit recrache, la nourriture à sa partenaire. Ce comportement est observable tout au long de l’année chez de nombreux psittacidés mais plus marqué au printemps. C’est le cas des Amazones, Inséparables (Agapornis) et Conures. La Conure à joues vertes (Pyrrhura molinae) est donc dans ce cas.
Cependant, cet acte revêt aussi un aspect social, au même titre que le lissage mutuel des plumes. Le fait d’offrir de la nourriture à un congénère permet de resserrer les liens entre les individus, notamment au sein d’un couple. Chez les Amazones à front blanc (Amazona amazona albifrons) par exemple, c’est toujours le mâle qui fait cette offrande à la femelle. Il se pose auprès d’elle, penche son corps quasiment à l’horizontale puis soulève légèrement les ailes, tout en écartant en éventail les plumes de la queue. Il fait alors jusqu’à huit mouvements saccadés de la tête, tels que décrits plus haut.
Dans le même temps, ses pupilles se contractent et se rétractent vivement et le psittacidé présente un grand état d’excitation. Il saisit alors le bec de sa compagne avec le sien, qu’il positionne à angle droit , puis régurgite directement dans le bec de sa partenaire.
Durant cet échange, la femelle fait entendre une sorte de toux. On observe souvent cela suite à une longue séance de lissage de plumes mutuel. Durant la période de reproduction, c’est aussi le mode d’alimentation des petits et du parent resté au nid par son partenaire. En captivité, il n’est pas rare que le transfert de nourriture se fasse entre deux espèces différentes.
Lorsque l’oiseau dispose d’un humain en lieu et n’a aucun congénère à sa disposition, il n’est pas rare qu’il adopte ce comportement, soit pour se faire pardonner, soit parce-qu’il l’associe à un partenaire potentiel. Parfois, cela est aussi observé face à un jouet, voire un reflet dans un miroir. Dans tous les cas, il ne faut pas encourager, le psittacidé.
En effet, certains vont jusqu’à régurgiter l’intégralité de leur repas, ce qui à terme peut causer d’importantes carences et les affaiblir considérablement, sans parler du désagrément que cela occasionne, si flatteuse l’attention soit-elle pour l’humain. D’autres adoptent ensuite un comportement sexuel déviant et, ne pouvant rien attendre de leur humain, deviennent agressifs. Le plus sage reste donc de décourager l’oiseau en détournant son attention vers une activité annexe, pour lui offrir une autre perspective que celle qui occupe son esprit.
« Manual of parrot behavior », Andrew U. Luescher, 46-3
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