Comportement : les rats sont capables d’éprouver des regrets suite à un mauvais choix
Les rats éprouvent du regret après avoir commis une erreur, c’est ce que vient de démontrer une nouvelle étude menée aux Etats-Unis.
Qu’est-ce-que regretter ? C’est penser que nous aurions pu agir autrement, que le résultat aurait alors été différent, comme l’explique David Redish, neuroscientifique à l’Université de Mineapolis. C’est une notion très différente de celle de « déception » , qui survient lorsque le résultat attendu ne se produit pas et qui impacte sur les décisions suivantes.
Pour étudier le regret chez l’Homme, il n’est pas possible d’interroger les personnes étudiées, car il s’agit d’une émotion et qu’à ce titre, elle est difficile à définir. C’est pourquoi les psychologues et les économistes l’étudient au travers de manifestations neuronales et comportementales.
En étudiant cette même réaction chez les rats, il est ainsi possible de s’insinuer dans la mécanique du sentiment. En 2014, David Redish et Adam Steiner ont donc étudié l’activité neuronale d’un groupe de rats face à des situations destinées à induire le regret, afin d’en déceler les signes comportementaux et cérébraux.
Pour mener à bien cette expérience, un labyrinthe composé de 4 rayons a été mis en place. Au bout de trois d’entre eux était disposé un aliment aromatisé à la banane, à la cerise ou au chocolat. Au bout du quatrième en revanche se trouvait un aliment sans saveur (cf illustration ci-contre). Durant les observations, un rat était placé dans le labyrinthe et lorsqu’il arrivait au point de distribution de nourriture, entendait un signal sonore puis devait attendre de façon aléatoire ou entre 1 et 45 seconde pour recevoir sa récompense.
L’expérience a ensuite été compliquée en offrant à l’animal la possibilité d’attendre jusqu’à ce que la prime lui soit donnée ou opter pour le rayon suivant. Lors de chaque séance, chaque rongeur n’avait accès au labyrinthe que durant une heure, de façon à ce qu’il se montre actif et rapide dans ses démarches.
L’analyse de ces données a permis aux deux chercheurs de révéler des préférences individuelles concernant le goût des aliments, mais aussi des différences concernant la patience. La réaction cérébrale suivant l’arôme reçu a également pu être distinguée.
Lorsqu’un animal passait d’un point de distribution de nourriture à un autre pour réaliser qu’il devrait encore attendre davantage, il regardait en arrière, ce qui indiquait le regret d’avoir fait le mauvais choix, mais il pensait aussi au choix qu’il n’avait pas fait. En fait, il semble que tout comme nous, les rats soient enclins à faire de mauvais choix ou attendre plus longtemps la satisfaction de leurs attentes après une décision inappropriée. La contrariété après s’être trompés est telle que lorsqu’ils mangent la récompense, ils ne mettent pas plus de 5 secondes, tandis que lorsqu’ils pensent avoir fait le bon choix, ils consacrent environ 20 secondes à faire leur toilette et consommer leur friandise. Cela reviendrait à dire que ces rongeurs apprécient davantage leur repas lorsqu’ils sont convaincus d’avoir choisi la bonne option, ce qui équivaut à une forme d’auto-satisfaction.
Un autre cas de figure se présentait lorsqu’aucune friandise n’était servie en revanche. Certains s’asseyaient et restaient l’option choisie tandis que d’autres visualisaient déjà le choix suivant. Selon Redish, les seconds étaient tournés vers l’avenir. Pourrions-nous en déduire que l’optimisme réside dans la faculté de chacun à faire table rase du passé ? Certes. Cependant, les chercheurs doivent encore démontrer si tout comme nous, les rats sont capables d’éviter les regrets, ce qui humaniserait encore davantage leur sensibilité émotionnelle. A moins que cela ne fasse ressortir le rat qui en nous…
Source :
http://news.nationalgeographic.com/
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