Habitudes de nidification des perroquets : conure à gros bec et conure à front brun (Rhynchopsitta)
Il est souvent important de connaître le comportement de nos becs crochus dans leur élément naturel pour mieux comprendre leur mode de fonctionnement, leur logique propre. Le genre Rhynchopsitta ne compte que deux espèces encore en vie. A travers des études menées sur les psittacidés, il a été possible de comprendre comment les perroquets choisissaient leur lieu de ponte et ce qui les motivait à en changer. On trouve ces deux espèces dans les zones montagneuses, au nord du Mexique, dans les forêts ressemblant à celles des presqu’îles.
La conure à gros bec, ou Rhynchopsitta pachyrhyncha a pour habitude de nicher dans les troncs d’arbres creux de la Sierra Madre occidentale. Il n’est pas rare de voir plusieurs couples abriter leur nid dans le même arbre. Elle vit aussi au sud-est de l’Arizona, probablement depuis le début du XX ème siècle, même si aucune donnée historique n’est parvenue jusqu’à nous à ce sujet. Durant la période de la reproduction, dès la ponte des œufs, les partenaires fourragent en groupe, pour se protéger de la venue d’un prédateur. Cependant, ils ne le font jamais simultanément, chacun attendant que celui qui est parti se nourrir revienne pour y aller à son tour. C’est un ballet bien huilé.
La conure à front brun, ou Rhynchopsitta terrisi est classée vulnérable dans la nature, mais peut être maintenue en captivité. A l’état sauvage, elle niche en colonie importante au creux des falaises de la Sierra Madre orientale, au nord-est de Mexico.
Ces deux espèces sont mondialement menacées. Des recherches archéologiques ont également permis de révéler l’existence d’une troisième variété, aujourd’hui éteinte, Rhynchopsitta phillipsi. Les restes fossilisés de cette dernière ont permis d’établir sa parenté avec les deux autres espèces connues et d’établir qu’il s’agissait d’espèces distinctes, et non juste de sous espèces. Cette découverte date seulement de 1997, mais a remis en cause la théorie de Forshaw qui affirmait en le contraire en 1990.
La vie en communauté apporte sans doute à ces conures des avantages dans la recherche de nourriture, comme l’avait observé Krebs en 1974. Les deux espèces encore en vie évoluent dans un environnement humide et consomment des aliments riches en eau. Elles s’abreuvent aussi chaque jour dans les cours d’eau environnants. Cependant, l’homme induit peu à peu des changements involontaires dans leur environnement, ce qui réduit le nombre de sources et chutes d’eau disponibles et conduit celui des bassins artificiels à augmenter.
Hélas, ces derniers sont accidentogènes pour elles, et il est fréquent qu’elles finissent par s’y noyer. Ces psittacidés ont un régime alimentaire très ciblé, se nourrissant surtout de pignons de pin. De ce fait leur période de reproduction dépend de la saison de fructification des pins, où la nourriture est abondante. Celle-ci commence au début du mois de juin avec un point culminant au milieu de l’été.
Ainsi, la conure à gros bec commence en général à pondre à la mi juillet dans le Chihuahua (au Mexique), l’envol des petits ayant lieu la première ou la seconde semaine d’octobre. La conure à front brun se reproduit quant à elle plus tard, à partir de la fin du mois de juillet voire du début du mois d’août. Les jeunes sont sevrés entre la fin d’octobre et la première semaine de novembre. Cette espèce niche au sein de colonies pouvant atteindre une centaine de couples. Les individus d’un même groupe restent fidèles à leur site de nidification.
Le fait d’établir leur nid dans une cavité semble les protéger des parasites, ce qui peut en partiellement expliquer que les oiseaux y retournent d’une année sur l’autre. De plus, il a été observé qu’ils changeaient de lieu de ponte lorsque les petits ne parvenaient pas jusqu’au sevrage, mais le conservaient dans le cas contraire. Ce comportement semble indiquer un rapport entre la survie des petits et le site choisi. Les adultes sont donc capables d’établir le lien entre les causes et les effets de leur environnement sur leur progéniture et de réagir pour en palier les inconvénients.
Les études menées ont par ailleurs établi que la capture des petits dans les nids par les braconniers provoquait en général une nouvelle ponte, mais dans un lieu différent et dont les caractéristiques sont encore inconnues des parents. C’est donc une reproduction que l’on pourrait appeler » à risques » qui s’ensuit alors. En effet, une naissance opérée dans un site non identifié par les parents a de grandes chances d’être vouée à l’échec, les dangers étant nombreux dans un milieu non maîtrisé. S’ils laissaient ne serait qu’un petit par nid, les » voleurs d’oiseaux sauvages » n’auraient sans doute pas une telle incidence sur la reproduction de l’espèce et sa survie. Or, ils détruisent souvent les nids, ce qui décourage de façon définitive ces conures de revenir dans la zone concernée.
Source : http://eveettitite.unblog.fr/
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