Le Maquech, scarabée et bijou vivant, ou esclave des temps modernes ?
Au Mexique, les scarabées sont très prisés. Les ancêtres incas des populations locales leur prêtaient des vertus particulières, disant qu’ils portaient bonheur, mais de nos jours, on en fait des bijoux. Vous avez sans doute déjà vu des bagues, broches ou pendentifs représentant des papillons, fabriqués en métal, précieux ou non et agrémentés de strass ou pierres précieuses.
Là où l’affaire se corse quelque peu c’est qu’ici, il n’est pas question de reproductions de ces insectes. Il s’agit de sujets d’environ 4 cm de long, faisant partie de la famille des Tenebrionidae et dont le nom scientifique est « Zopherus chilensis » . Cette espèce est très répandue au Mexique et au Venezuela.
Cette pratique est d’une certaine violence pour le scarabée. Le métal et les pierres sont littéralement collés sur ses ailes. Ils coincent ses élytres et l’empêchent de voler. Le tout est relié à une chaînette munie d’une épingle à nourrice, pour l’accrocher. Le poids de ce qu’il porte sur son dos contribue à l’affaiblir progressivement, entraînant sa mort plus tôt que la nature ne le voudrait. Dans le pire des cas, il peut espérer souffrir ainsi durant un an, nourri de petit bouts de salade ou de fruits par la personne qui le porte et prisonnier du bijou qui le retient.
L’homme tente de sublimer ce qui existe déjà au travers d’une curieuse pratique, la transformation de coléoptères en bijoux vivants. Ce phénomène récent trouve son origine dans les croyances mayas. Une légende raconte en effet, que le prétendant d’une princesse ayant été transformé en scarabée, celle-ci décida de le porter sur ses vêtements pour l’avoir auprès d’elle toute sa vie durant. Nos contemporains ont extrapolé cette croyance ancestrale en sertissant de bijoux ces petites créatures. Cela se nomme le « Maquech ».
Pour une quinzaine d’euros, il est possible d’acquérir une broche Maquech sur les marchés mexicains. De jeunes garçons les vendent aux touristes, trop heureux de surprendre leurs amis avec un accessoire hors du commun. Certes, ce ne sont que des insectes, mais là où certains parlent d’art vivant, d’autres peuvent voir une forme d’esclavage.
Fort heureusement, il est à l’heure actuelle interdit de passer la frontière mexicaine avec un Maquech. Il s’agit malgré tout de transport d’animaux vivants, ce qui est interdit par la loi. Nous pouvons tout de même nous demander ce que deviennent les coléoptères à ce stade. Sans doute finissent-ils abandonnés dans une chambre d’hôtel ou dans la rue, libérés de leur « possesseur » temporaire mais toujours prisonniers de leur carcan doré, qu’ils emporteront sans doute jusqu’à mourir de faim ou d’épuisement.
Enfin, les femmes mexicaines ou étrangères semblent particulièrement apprécier ce type d’ornement. Feriez-vous de même si cela était permis chez nous ?
Sources :
http://futurismic.com/
http://perturbatorium.blogspot.fr/
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