L’ibijau gris, ou Nyctibius griseus, à la découverte de l’oiseau fantôme
Les oiseaux ne cessent de nous surprendre. Entre les tours de tête incroyables du hibou et les plumes toxiques du Pitohui, nous pensions avoir fait le tour des bizarreries possibles. Mais c’était sans compter avec l’ibijau gris, dont l’appellation scientifique «Nyctibius griseus» sonne comme une formule cabalistique.
Ce volatile d’environ 35 cm pour 150 à 170 g vit en Amérique du sud. Son plumage compte de nombreuses nuances de beige, gris et brun. Cet aspect à priori terne et « insignifiant » lui confère cependant un avantage de taille lorsqu’il doit se soustraire à la vue des prédateurs, puisqu’il lui permet de se fondre totalement dans son environnement, jusqu’à être confondu avec le tronc ou les branches des arbres sur lesquels il se pose. Sans doute est-ce là ce qui lui a valu son nom, qui signifie «oiseau fantôme» en langue Guarani.
Les forêts ouvertes et les savanes sont son domaine. Il dort dans les arbres, le plus souvent sur les souches mortes, restant immobile. La femelle pond au sommet d’un tronc mort un seul œuf, blanc et légèrement teinté de mauve. Les deux parents le couvent durant 33 jours avant de le nourrir, leur petit dormant blotti contre eux durant une cinquantaine de jours supplémentaires, jusqu’au sevrage. Leur sens du mimétisme leur permet alors également de protéger le poussin, le cas échéant, grâce à une succession élaborée de mouvements très lents qui le masque à la vue de ceux qui le convoitent.
Son court et large bec crochu est taillé pour lui permettre de chasser les gros insectes volants dont il se nourrit. Et lorsqu’il ouvre ses deux immenses yeux jaunes, qui deviennent oranges la nuit, le doute n’est plus permis, il s’agit là d’un oiseau nocturne. Observez-le à loisir, vous ne pourrez pas discerner le mâle de la femelle, car par un autre de jeu de dissimulation, il n’existe pas de dimorphisme sexuel chez cette espèce.
Son cri est également curieux. Les « bou-uo, bo-ou, bo-ou » marqués par des variations d’intensité qu’il pousse avec mélancolie se font souvent entendre les soirs de pleine lune, ce qui a sans doute aussi joué un rôle dans le choix de son nom. Les populations locales le confondent quant à elles souvent avec le cri du paresseux.
Avec en prime un air de marionnette tout droit sorti du Muppet Show, l’ibijau gris est un drôle d’oiseau qui ne laisse pas indifférent.
Sources :
http://www.oiseaux-birds.com/
http://neotropical.birds.cornell.edu/
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