Science : la reproduction sans mâle devient réalité chez les serpents
Dans la nature, il existe un phénomène appelé « parthogénèse ». Ce terme barbare désigne un mode de reproduction asexué, c’est à dire dans lequel aucune fécondation n’intervient, des ovules vierges donnant naissance à un ou plusieurs individus.
Cela n’est pas inconnu des scientifiques, qui l’ont fréquemment observé chez de nombreuses espèces d’insectes et certaines espèces animales. Au-de-là de la parthogénèse de base, des cas de parthogénèse facultative avaient été recensés récemment chez certains oiseaux domestiqués ainsi que chez quelques serpents, varanidés et requins dont les femelles avaient été capturées ou étaient nées en captivité. Cela laissait à penser que la parthogénèse facultative, qui se traduit par la possibilité pour un œuf d’être fécondé ou non pour produire un embryon, touchait uniquement les animaux n’ayant aucun partenaire potentiel dans leur environnement.
Mais une découverte scientifique américaine révélée en septembre 2012 est venue bouleverser tout ce que les chercheurs pouvaient imaginer. Il semble en effet que chez les serpents, lézards et autres reptiles à écailles cela ne puisse plus « être considéré comme une bizarrerie rare extérieure au courant de l’évolution des vertébrés ». En effet, Warren Booth, de l’université d’Etat de Caroline du Nord et son équipe ont identifié deux espèces de serpents capables de ce prodige naturel. Celles-ci font partie de la famille des vipéridés. Il s’agit du mocassin à tête cuivrée (Agkistrodon contortrix) et du mocassin d’eau (Agkistrodon piscivorus), deux espèces proches. L’analyse génétique de l’ADN de la mère et des petits de ces espèces, qui étaient tous des mâles, a révélé l’absence d’un patrimoine génétique autre que celui de la mère, témoignant de l’absence de fécondation par un mâle et excluant la possibilité du stockage de sperme.
A l’heure actuelle, il reste encore à découvrir ce qui provoque cela chez ces serpents, alors que dans leur milieu naturel, les mâles disponibles ne manquent pas. Lorsque la parthogénèse facultative ne génère que des individus de sexe masculin il s’agit d’une parthogénèse dite « arrhénotoque » . Dans ce cas, la femelle donne naissance uniquement à des femelles lorsque les oeufs sont fécondés par un mâle. Cette particularité se retrouve chez les abeilles notamment, ce qui permet à l’essaim de gérer sa population et ne produire des mâles que lorsque cela est nécessaire. Peut-être existe-t-il une explication de cet ordre chez les deux espèces étudiées ? Quoi qu’il en soit, les scientifiques sont convaincus d’être en présence du premier cas avéré de parthogénèse facultative chez des vertébrés sauvages, ce qui constitue déjà une révolution en soi. De nouvelles études seront sans doute indispensables pour exliquer ce phénomène.
Sources :
Biological Journal of the Linnean Society (Volume 104, Issue 4, pages 934–942, December 2011)
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