Cheval au quotidien, mode de vie ou effet de mode ?
Sur les 900000 équidés vivant sur le territoire français, tous ne vivent pas au pré dans nos vertes campagnes. Derrière l’image d’Epinal du cheval galopant dans une vaste pâture sous un beau ciel bleu, l’augmentation du cheptel conduit souvent à loger les chevaux au box. Tour d’horizon des hébergements pour nos compagnons.
1) Le box
La plupart des équidés vivent en box. Dans l’idéal, celui-ci fait au moins 12 m2, il est lumineux et donne sur l’extérieur. La litière est généralement constituée d’une épaisse couche de paille, ce qui occupe le cheval entre deux repas. Le box est équipé d’une mangeoire et d’un abreuvoir. Le propriétaire y place aussi une pierre à sel que le cheval va lécher. Il peut choisir d’agrémenter le box avec des jouets d’écurie pour occuper son cheval. La structure actuelle des écuries s’articule autour d’une grande allée de boxes avec des aires de pansage en face ou à proximité. Cette conception de l’espace de vie du cheval facilite le travail des hommes. Le box est un habitat pratique…pour le cavalier. Sa monture est facilement accessible, plutôt propre (finis les pansages d’une heure à la sortie du pré en hiver) et proche des installations de travail. Les soins sont également facilités.
Il semblerait que cette configuration ne soit pas la plus bénéfique pour les chevaux, qui disposent alors de peu de contacts avec leurs congénères. Murs en béton ou grille de séparation les empêchent de se voir ou d’entretenir un contact tactile. Pour l’éthologue et éleveuse Marthe Kiley Worthington, les grandes allées de box sont à bannir, il faut privilégier des écuries en « U » afin de favoriser les contacts. L’éthologue Hélène Roche explique également que les boxes restreignent la liberté d’expression du cheval et des chevaux entre eux. Un cheval qui vit au box doit en outre sortir tous les jours au paddock pour être libre de ses mouvements. Il faut donc que le propriétaire ait du temps à consacrer à ces sorties en dehors du travail et des soins de son cheval. L’option de la stabulation libre consiste à avoir un box ouvert sur un paddock. Le cheval peut librement entrer et sortir sans intervention du propriétaire.
2) La stalle
Les structures d’hébergement ne disposent rarement de stalles, mais leur présence reste visible dans certains centres équestres ou haras. Les chevaux sont attachés assez courts, la tête face au mur. Ils sont séparés de leurs congénères par une large plaque en bois ou un mur en béton. L’espace est rentabilisé au maximum, mais le palefrenier doit encore plus souvent venir retirer les crottins pour que le cheval reste dans un endroit propre. Cet habitat est le pire pour le cheval : il n’a pas la possibilité de voir ce qu’il se passe, de se coucher ou d’interagir avec ses voisins.
3) La stabulation
Cet habitat est un bon compromis entre la vie en groupe à l’extérieur et le box individuel. Plusieurs chevaux cohabitent dans un espace de taille adaptée. Une surveillance accrue est nécessaire les premiers temps afin de voir s’ils ne supportent et s’il n’y a pas d’agressivité, notamment à l’heure de la distribution des repas. Chacun doit avoir accès à sa ration et au fourrage. La stabulation permet des échanges plus libres entre les chevaux, dont des échanges tactiles prolongés appelés grattage mutuel chez les sujets liés d’amitié. Les chevaux s’organisent très vite avec une hiérarchie semblable, dans une moindre mesure, à celle qu’ils développent à l’état naturel.
4) Le pré
La vie au grand air est celle qui convient le mieux au cheval. Animal grégaire, il est néanmoins indispensable qu’il soit en compagnie d’autres équidés. A défaut, certains pâturent à côté de vaches ou de moutons. Le cheval est rustique et peut vivre toute l’année au pré, pourvu qu’il dispose d’un abri à trois côtés pour s’abriter en cas de fortes intempéries. Le pré doit être vaste – comptez 1 hectare par cheval ou ayez la possibilité de faire des rotations entre plusieurs pâtures – et clôturé avec du fil électrique. Le fil barbelé est à bannir car il risque de blesser le cheval. Un point d’eau claire et à volonté doit être à sa disposition, de même qu’une zone ombragée (attention aux arbres toxiques…). Le cheval passe 60% de son temps à manger. Si l’herbe se fait rare ou n’est pas assez riche, du foin ou des granulés peuvent être distribués.
La vie au grand air est aussi bénéfique pour le physique du cheval. La circulation sanguine s’active et élimine les toxines de l’organisme et évite les engorgements. Il passe ainsi une à deux heures par jour à marcher, sans compter les déplacements lorsqu’il mange. Il est aussi plus équilibré mentalement : les chevaux vivant au pré ne tiquent pas. Plus un cheval passera du temps dehors avec un ou plusieurs congénères, moins il développera d’agressivité ou de stress. Il n’a pas besoin de « jeter son jus » à peine dans un rond de longe ou avec un cavalier sur le dos. Le cheval est plus serein, le cavalier aussi.
Choisir le meilleur habitat pour son cheval dépend de plusieurs contraintes. Moyens financiers, pâture ou écurie proche de chez soi, présence de congénères, temps disponible pour sortir son cheval…mais plus vous favoriserez un mode de vie proche des besoins naturels de votre compagnon, plus il sera disponible dans le travail et bien dans ses sabots !
Et vous ? Quels critères prendriez-vous en compte dans le choix de l’hébergement de votre cheval ?
Sources :
» Le comportement des chevaux « , Marthe Kiley-Worthington, de. Zulma
» Comportements et postures « , Hélène Roche, ed. Belin
http://www.haras-nationaux.fr
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