Comment mesurer la souffrance chez les petits animaux de compagnie ?

Comment mesurer la souffrance des petits animaux de compagnie ? Voici une question délicate, à laquelle les vétérinaires eux-mêmes semblent avoir du mal à répondre.

Lorsqu’un rat, un hamster, un lapin ou un furet souffre, il est incapable de fournir des informations précises sur ce qu’il ressent. Son langage ne passe pas par les mots, et force est donnée de se baser sur des observations extérieures pour cerner le problème rencontré. Apathie, perte d’appétit, inconfort durant les manipulations sont autant de signes qui nous alertent de façon indirecte sur le mal-être de nos petits compagnons.

Mais d’une espèce à l’autre, le comportement diffère dans de pareilles circonstances. Ainsi un animal se percevant en tant que proie ne va pas réagir de la même façon qu’un prédateur-né. C’est alors qu’une certaine dose de subjectivité se mêle à l’analyse scientifique stricte, pour dresser un parallèle entre les sensations de l’Homme en pareil cas, et celles supposées de l’Animal. Ce miroir impalpable permet d’estimer l’intensité de la douleur.

Chez le rongeur, il n’y a pas de réelle différence de réaction d’une espèce à l’autre. Qu’il s’agisse d’une souris, un chinchilla ou un octodon, le changement est surtout visible au niveau de l’aspect général. Le mammifère se recroqueville, se voûte, et son pelage présente des signes manifestes de désordre et de manque d’éclat que l’absence de toilettage explique. Il est moins actif que de coutume, moins curieux de ce qui l’entoure et moins gourmand, il est à 50 % de ses capacités habituelles. Il peut réagir agressivement à certaines manipulations et couiner si la zone affectée est touchée.

Chez le rat, un écoulement rouge appelé porphyrine peut également être visible en importante quantité au niveau des yeux et des narines. Le hamster et la gerbille sont en revanche moins bien cernés dans ce domaine, tandis que le cochon d’Inde cesse de courir et se montre globalement très calmes. Un désordre intestinal est un symptôme « fédérateur », qui peut aussi bien être observé chez le lapin ou le cochon d’Inde que chez le chinchilla.

Chez le lapin, la douleur violente s’accompagne de cris aigus proches de ceux d’un bébé humain. Un bruit plus discret témoigne aussi parfois de la sensibilité particulière d’une zone du corps. Si la zone abdominale est touchée, le ventre se tendu, les dents grincent et l’appétit diminue. L’inactivité, lorsqu’il reste allongé à l’abri dans une zone couverte de sa cage peut aussi être alarmante. Ces symptômes s’accompagnent souvent de la formation à moyen terme d’une couche de poils emmêlés, car il cesse de faire sa toilette.

Enfin, le furet a lui aussi une palette d’indices spécifiques pour signifier qu’il souffre. Ce petit prédateur domestique va crier, limiter son activité, ou adopter une posture inhabituelle (ne plus dormir enroulé sur lui-même par exemple), mordre lorsqu’on le touche, loucher, avoir les yeux mi-clos ou cesser de s’alimenter.

Cette difficulté globale qu’il y a à comprendre et quantifier la douleur chez les petits animaux qui partagent notre foyer n’a d’égal que celle de l’élaboration d’un traitement efficace. Le dosage est souvent assez complexe, d’autant plus que les doses d’anti-douleur et anti-inflammatoire diffèrent suivant l’espèce traitée, tout comme le seuil de tolérance des quantités administrées.

C’est pourquoi le vétérinaire doit généralement choisir entre des anti-inflammatoires non stéroïdiens, des opioïdes, ou des substances agissant sur le système nerveux. Les médicaments destinés à l’Homme peuvent quant à eux présenter un grave danger suivant les espèces, notamment l’ibuprofène. Il ne faut donc jamais en donner.

Source : http://www.smallanimalchannel.com/