Cheval : vers et vermifuges naturels, le pouvoir des plantes
Si le parasitisme est principalement traité par des substances chimiques, de plus en plus de propriétaires décident de soigner leur cheval par les plantes. Un retour aux sources gagnant, pour peu de ne pas tomber dans l’automédication.
Comme chez l’humain, l’attrait pour les médecines alternatives s’est répandu dans le monde équestre. Meilleure compréhension des affections, approche holistique de la santé équine et développement d’une large gamme de solutions phytothérapeutiques et homéopathiques s’offrent aux propriétaires. Bienheureux de pouvoir soigner son compagnon par moult produits naturels, la panoplie des remèdes ancestraux remis au goût du jour peut laisser perplexe les plus sceptiques d’entre eux. Certaines plantes sont pourtant connues pour leur efficacité, à l’instar de la térébenthine, ayant des principes actifs sur les strongles. La sève des conifères ne fut pas la seule à être louée jadis pour débarrasser un cheval de ses hôtes encombrants : l’absinthe, la fougère mâle ou l’ail, que l’on retrouve dans la composition de compléments alimentaires pour éloigner les insectes ou calmer les allergies cutanées, étaient employés.
La connaissance d’alors était cependant bien plus limitée et les chevaux traités lorsque les symptômes du sur-parasitisme devenaient visibles. Face à l’urgence, la dose administrée atteignait un degré de toxicité dangereux. En plus d’une quantité approximative, l’usage d’une seule plante faisait encourir de plus grands risques qu’une savante association de plusieurs extraits. La clé du traitement réside dans le subtil mélange de plantes. C’est sur ce procédé que travaillent aujourd’hui les laboratoires. Mihai Cernea et son équipe de chercheurs ont lancé une série de tests sur 28 échantillons de crottins infestés par des strongles. En comparant l’action de cinq plantes, l’étude conclut que les extraits d’Allium sativum et d’Inula henelium donnent les meilleurs résultats : une faible quantité diluée engendre l’inhibition presque totale de l’éclosion des œufs et du développement des larves. Egalement actif sur les helminthes, une étude prouve que l’Oroxylum indicum donne d’aussi bons résultats que l’Ivermectine, un des agents chimiques les plus efficaces. Étudié in vitro, l’extrait de plante agit tout aussi bien sur les œufs de strongles, à dose presque égale.
La démonstration du pouvoir d’inhibition de certaines plantes est prouvée scientifiquement. La difficulté reste de l’intégrer sur le long terme dans un protocole de vermifugation. Il faut établir quelles plantes sont efficaces contre quels vers et en quelles saisons, de même que pour un traitement chimique. Bien que naturel, ce procédé n’exclut en aucun cas la réalisation régulière de coprologies et l’avis d’un professionnel de santé équine. Méfiez-vous du marketing autour de certains produits vendus en ligne : un même vermifuge ne peut combattre le panel de vers. L’utilisation de produits naturels ne doit pas être aléatoire, de même que la gestion globale de l’environnement dans lequel évolue le cheval, à l’instar de la gestion des pâtures et la nutrition. Enfin, il est judicieux de faire cohabiter les différentes médecines pour offrir les soins les plus adaptés à son cheval. En prévention ou en cure pour les cas plus sérieux, les remèdes homéopathiques peuvent alors intervenir en complément des vermifuges pharmaceutiques. Le chardon Marie et la réglisse agiront sur la fonction hépatique. Quant à la reine-des-prés et à la guimauve, elles interviennent pour calmer une inflammation ou une irritation. Les plantes n’offrent pas de solution miracle. Leur usage régulier renforcera les défenses naturelles du cheval, désormais plus fort face aux infestations.
Sources :
The efficacy of herbal extract on equine strongylidosis (2010), Mihai Cernea
Anthelmintic activity of Oroxylum indicum against equine strongyles in vitro compared to the anthelmintic activity of Ivermectin, Downing JE in Journal of Biological Research (2000)
Des plantes pour soigner mon cheval, Hilary Page Self, ed. Zulma Herbier de Saint-Georges, Jean-Michel Millecamps
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