Le comportement agressif des perroquets de compagnie
Le comportement agressif des perroquets est fréquemment observé en captivité. Les témoignages de maîtres mordus ou purement attaqués par un psittacidé croisé avec un vautour sont innombrables. Pourtant, il ne s’agit pas d’un comportement naturel. Les sujets sauvages n’attaquent jamais un congénère. Ils ne se mordent pas non plus entre eux, du moins pas au point de se blesser. Cela a pu être confirmé par de nombreuses études scientifiques.
Alors pourquoi se conduisent-ils ainsi en captivité, y compris lorsqu’ils sont entourés d’un maître aimant ?
Les seules circonstances dans lesquelles une agression a été observée dans la nature étaient liées à des cavités de nidification. Certains oiseaux ont été vus se disputant le droit de propriété ou attaquant un oisillon pour essayer de récupérer le nid. Aucune blessure n’a été constatée. Le comportement agressif n’intervient donc que pour protéger les ressources, la colonie ou le territoire. Il ne se manifeste que par des postures et des mimiques significatives. Au besoin, des cris ou des grognements s’y ajoutent, ainsi que des coups de bec poussés vers l’avant, à la façon d’un combat simulé. Dans leur milieu naturel, ce mode d’expression est suffisamment explicite pour que les perroquets se fassent comprendre et évitent un corps à corps désagréable.
Dans ce cas, il est difficile de comprendre pourquoi en captivité ils vont jusqu’à infliger de sérieuses blessures à leur humain. Il faut déjà comprendre que le simple fait de les placer dans un milieu artificiel induit un comportement artificiel, c’est à dire contre-nature. De plus, tous les comportements d’un psittacidé sont le fruit de l’instinct ou de l’expérience. La morsure correspond donc logiquement toujours à l’une de ces deux catégories. Elle peut être innée ou acquise. De nombreux psittaciformes sont amenés à mordre par peur ou pour se défendre, car les humains tendent à se montrer agressifs dans leur façon de les approcher ou de les saisir. L’audace d’un geste trop franc peut leur faire peur, d’autant plus que nombre d’entre eux n’ont pas la possibilité de s’envoler (ailes taillées, éjointage, etc.) comme le feraient des oiseaux sauvages. Par conséquent, ils sont parfois poussés à bout et le seul moyen dont ils disposent pour se défendre ou exprimer leur mécontentement est l’agression. Mais avant d’en arriver là, ils affichent un comportement particulier pour prévenir que ce qui se produit leur déplaît. Le regard se fige (ou la pupille se contracte et se rétracte rapidement chez l’Amazone) ou les plumes se plaquent imperceptiblement sur la tête de l’animal. Il faut attacher de l’importance à tous ces signaux de détresse envoyés par ce petit compagnon à plumes, ce que tous les détenteurs ne font pas. Ces derniers n’ont souvent pas conscience de tout ce que leur oiseau peut exprimer par le biais du langage corporel. Ils ne remarquent pas ces indices, qui sont autant de tentatives subtiles de communiquer, et se font mordre. Ils appliquent parfois aussi la croyance populaire selon laquelle il faut montrer un animal qui est le patron. Cette façon de faire ne fait que multiplier les risques de morsure.
La morsure intervient dans plusieurs cas de figure.
Le jeu : par instinct, pour examiner le corps de l’humain. Cela apporte des informations sur lui, donc sur l’environnement de l’animal. C’est au maître d’enseigner à son perroquet qu’il ne faut pas serrer trop fort. Le « non » est souvent très utile pour marquer l’interdiction et la limite à ne pas franchir.
L’agression territoriale : l’instinct dicte à l’oiseau de protéger ce qui est son espace vital, que ce soit dans la nature ou en captivité. Dans les deux cas, des liens se tissent (avec ses semblables ou son maître) et le territoire de nidification doit être protégé contre les intrus. La morsure peut alors très rapidement apparaître comme le meilleur moyen d’éloigner les « envahisseurs à deux pattes » que nous sommes hors de son territoire.
L’agression de peur : un perroquet effrayé va mordre, pour se défendre et survivre. Dans la nature, il s’envolerait, comme nous l’avons évoqué plus haut. Mais comme la plupart des oiseaux captifs ne le peuvent, la seule option est l’attaque préventive. Certains apprennent d’ailleurs à utiliser cette méthode pour obtenir ce qu’ils souhaitent en retour. Par exemple, s’ils pincent leur maître, ils pourront rester hors de leur cage plus longtemps, même si c’est juste le temps pour ce dernier d’aller chercher une perche pour les déplacer. Cela devient alors un moyen de conditionner le détenteur. Il s’agit d’éducation inversée. Il faut donc veiller à ne pas renforcer ce mode d’expression et s’arrêter avant que le psittacidé ne morde, quitte à détourner son attention.
Pour ne pas être la victime involontaire de votre ami à plumes, il faut commencer par développer une relation positive avec lui. Appliquez-vous à ne pas le contraindre à faire ce qu’il n’aime pas. S’il refuse le contact, ne le lui imposez pas. Recherchez plutôt un moyen détourné de l’amener à faire ce que vous attendez de lui. C’est la première étape vers la solution. Soyez l’observateur de son attitude, pour apprendre à lire en lui et comprendre ce qu’il vous essaie de vous dire. N’étant soumis à aucune hiérarchie dans la nature, il est logique qu’il n’accepte pas non plus d’être dominé en captivité. Il faut aussi assumer votre responsabilité lorsqu’une morsure survient. L’humain est toujours fautif pour l’avoir poussé dans ses retranchements ou lui avoir inconsciemment appris à le faire. Une fois cette idée acceptée, les vieilles blessures apparaissent comme les stigmates de l’incompréhension dont l’oiseau a été victime, posant les fondements d’une relation durable avec le perroquet au travers de l’éducation.
Source : http://www.naturalencounters.com/
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