Education : faut-il punir nos perroquets ?
La plupart du temps, la punition apparaît au début comme la seule « arme » dont disposent les détenteurs de psittacidés pour réagir face à un comportement indésirable. Chez certains maîtres, c’est même le principal voire le seul recours connu. Mais est-ce la bonne solution ? Ne risquons-nous pas de nous trouver démunis face à certaines situations ? Pouvons-nous parvenir à un résultat similaire par d’autres moyens ?
Nous entendons régulièrement dire que les perroquets ne réagissent pas à la punition. Cela s’explique essentiellement par le fait que la personne qui l’administre le fait plus souvent pour apaiser sa propre colère plutôt que pour obtenir de réels effets positifs et durables sur le comportement de son compagnon à plumes. Cela dénote davantage l’état d’esprit de la personne délivrant la sanction (son besoin de « vengeance » et de « réparation de l’injustice commise ») qu’un désir profond d’obtenir une compréhension de la part de l’animal. Or, de ce point vue, les effets d’une réprimande ou d’une punition confrontent l’oiseau à une notion qui lui est étrangère. Le sens de ce type de réaction humaine lui est complètement inconnu.
Toutefois, ce n’est pas sans effets sur le psychisme et les réactions de l’animal à long terme. Il est donc primordial de savoir mesurer les effets de notre « stratégie d’apprentissage ». De ce point de vue, la science offre une définition selon laquelle la punition serait la conséquence délivrée après un comportement donné pour tenter d’en réduire la fréquence ou l’intensité. La conséquence est que punir un individu peut avoir pour effet de le renforcer dans un comportement, le maintenant, l’accentuant ou le confortant. Il est donc possible d’expliquer de façon académique ce qu’est une punition, mais pas forcément quels en seront les effets par la suite. Hurler face à un perroquet qui crie en est une bonne illustration. Ce qui se veut une punition par la réprimande se transforme souvent en un facteur aggravant, un encouragement, une invitation à « partager une séance de cris en groupe ».
Cela induit une seconde notion, à savoir que la punition n’est pas seulement basée sur une stratégie unique mais sur un ensemble de stratégies pouvant conduire à toute une palette de résultats, du plus agréable au plus indésirable.
La punition par mise à l’écart
Punir son oiseau permet parfois de réduire significativement la fréquence de certaines mauvaises habitudes, telles que le pincement, le tiraillement de boucle d’oreille ou l’arrachage de bouton de chemise. A chaque fois que le psittacidé s’engage dans le comportement non désiré, cela consiste à le déposer calmement et en douceur durant quelques secondes, puis le reprendre pour lui offrir l’opportunité d’agir correctement. S’il recommence, il faut à nouveau le déposer ailleurs une dizaine de secondes puis recommencer comme précédemment. Mais cela ne doit en aucun cas consister en un retour en cage de plusieurs heures, sans quoi il n’y aurait plus aucun rapport de cause à effet pour l’oiseau.
La punition par ignorance
L’un des moyens les plus couramment conseillés pour « punir » un oiseau est sans nul doute l’ignorance. Cette stratégie peut être opérante avec les sujets n’aimant pas trop être manipulés. Avec ces derniers, le fait d’être reposés sur un perchoir ne saurait être que le renforcement du comportement déviant, car cela serait perçu au contraire comme une récompense. Ignorer le perroquet peut alors se révéler comme une stratégie payante. Lorsque l’oiseau manifeste le comportement déviant, il suffit de ne plus lui prêter attention, pas même lui accorder un regard, voire quitter la pièce durant quelques secondes, le temps que cela cesse, puis revenir. Recommencez autant de fois que nécessaire. Au début, la réaction de l’oiseau est généralement de crier ou de persister dans le comportement indésirable. Maintenir ce cap s’avère alors très difficile pour le maître, mais peut apporter la solution idéale si ce dernier tient bon. Dans le cas contraire, c’est le renforcement assuré et adieu les « bonnes résolutions » de l’oiseau adoré.
Notre seuil de tolérance
Cependant, lorsqu’il s’agit de morsure, il est difficile d’imaginer se laisser pincer au sang sans rien dire ou faire, comme d’aucuns le conseillent. C’est pourtant ce qu’il faut faire lorsque la chose se produit, car le psittacidé apprend à décoder nos réactions en fonction de la zone du corps qu’il pince. Il peut ainsi apprendre à nous manipuler comme une marionnette : pincer le cou fait faire de grands gestes à son humain en couinant, pincer la main le fait hurler de douleur puis gronder avec une grosse voix, etc. Voici de quoi le distraire pendant des heures. C’est une forme « d’enrichissement » comme une autre, doit penser l’oiseau ! Soit, mais nous ne sommes pas là pour subir les assauts d’un bec télécommandé pour nous blesser. La solution idéale reste donc de limiter les possibilités d’être mordus, tout en offrant à notre perroquet le moins d’opportunités possible de le faire. Lorsque l’évitement est impossible, il faut malgré tout tâcher de faire « bonne figure » et serrer les dents.
En résumé, pour qu’une punition produise les effets escomptés, il doit en résulter une part d’interactions positive plus importante que celle des interactions négatives. Toutes les techniques d’apprentissage ne conviennent pas à tous les maîtres. Tout le monde n’est pas capable de minimiser la douleur ressentie lors d’une morsure ou d’ignorer des cris stridents par exemple. Il appartient donc à chacun de choisir la ou les stratégies adaptées en fonction de ses limites personnelles. C’est là toute la subtilité de la réussite à venir.
Source : angelk
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