Science : sourire et colère, nos chiens identifient nos émotions
Les chiens sont domestiqués depuis si longtemps que de mémoire de chien, il serait impossible de remonter assez loin pour s’en souvenir. Le fait de ne pas avoir la notion du temps est sans doute partiellement en cause d’ailleurs, mais là n’est pas la question. Au fil du temps, il ont appris à nous cerner, et la science vient de démontrer qu’ils sont également en mesure de décrypter nos expressions faciales.
Jusqu’à présent, la science avait démontré la faculté de décrypter les expressions émotionnelles d’autres espèces uniquement chez l’Homme ; mais grâce aux recherches publiées le 12 février 2015 dans la revue «Current Biology», la preuve vient être faite que nos compagnons canins en sont également capables.
Certains diront qu’il s’agissait d’une évidence. Peut-être, mais encore fallait-il parvenir à le démontrer. Jusqu’à présent, il avait été établi que les chiens pouvaient lire en nous au travers d’autres sens tels que l’odorat ou l’ouïe, voire en observant notre comportement, mais ce constat va bien plus loin encore.
Le Docteur vétérinaire Corsin Müller, co-auteur de ces travaux, a commencé par prendre successivement des clichés d’une même personne affichant une expression heureuse puis en colère. Ils les a ensuite montrés à des chiens déjà entraînés à identifier les expressions faciales humaines souriantes et en colère.
Deux groupes de chiens avaient été entraînés à identifier 15 paires d’images, l’un pour identifier l’expression du haut des visages, l’autre le bas. Les candidats de chaque groupe avaient préalablement été conditionnés à recevoir une friandise en identifiant un visage joyeux pour les premiers et un visage en colère pour les seconds. Ils ont ensuite été soumis à 4 épreuves probatoires.
Seule la partie inférieure des images leur a été montrée dans un premier temps, puis la supérieure dans un second temps. Dans les deux cas, les animaux sont parvenus à décoder l’expression affichée.
Dans la troisième partie de l’observation, les chiens ont été confrontés à des photos entières et partielles mélangées, montrant différentes personnes heureuses ou en colère. Les résultats étaient toujours probants, mais dans un proportion moindre, sans que la part de réussite ne puisse être imputée au hasard.
Enfin c’est la moitié verticale des visages utilisés lors de l’entraînement qui leur a été présentée, pour que le problème soit envisagé sous toutes ses facettes. Cette étape du processus a révélé que les animaux conditionnés par une récompense à reconnaître des visages heureux avaient une réaction plus rapide à la vue des images que ceux qui avaient appris à identifier la colère.
L’auteur principal de ces recherches, le professeur Ludwig Huber, de l’Institut de Recherche Messerli de l’Université vétérinaire de Vienne, a précisé que nos compagnons sont capables de déterminer que ces deux types d’expression ont une signification différente, y compris lorsqu’ils les observent sur des visages inconnus. Selon lui, il semble probable qu’ils soient capables d’associer une connotation positive à un visage joyeux et une connotation négative à un visage en colère. Cela revient à dire qu’ils ont du mal à assimiler qu’un visage énervé puisse être associé à la remise d’une friandise ou la délivrance d’une caresse.
Pour identifier les expressions des visages inconnus, les scientifiques pensent que les canidés ont eu recours au souvenir de ce qu’ils avaient appris. Des études à venir devraient quant à elles s’attacher à rechercher comment ces quadrupèdes expriment leurs émotions et comment ce qu’ils ressentent est influencé par les émotions des humains qui les entourent.
Selon Müller, les découvertes à venir pourraient fort bien apporter des révélations importantes quant au lien extraordinaire qui unit les humains à leur «meilleur ami» et à la vie affective des animaux en général. Les chiens pourraient fort bien être si proches de nous qu’ils soient capables de mieux nous comprendre que nulle autre espèce. A moins que d’autres, comme les chats ou les perroquets, ne les battent d’une longueur.
La réponse reste en suspens, et même si la science progresse à vue d’œil, dans le délai, gardons le sourire, qui est sans aucun doute la part d’humanité que nos animaux préfèrent chez nous. Quel que soit le message que nous voulions faire passer, le chemin le plus rapide semble être celui de la bonne humeur.
Sources :
http://www.cell.com/
http://news.discovery.com/
http://www.sciencedaily.com/
http://www.theverge.com/
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