Les perroquets ont-ils vraiment une cervelle d’oiseau ?
De même que les jeunes enfants apprennent à associer deux mots, ils apprennent aussi à réunir deux objets, comme une petite coupelle et une grande. Jusqu’à récemment il semblait établi que ce phénomène soit propre aux primates.
Griffin, perroquet gris d’Afrique, dit: « veux écrou ». Au cours de la réunion annuelle de l’American Association for the Advancement of Science, Irene Pepperberg a décrit comment Griffin présentait le même type de développement. Elle a expliqué que dans le même temps, il commençait à dire « veux un écrou », et à combiner deux objets, donc l’équipe a commencé à l’intéresser à trois objets. En effet, lorsque l’oiseau a intégré comment combiner trois objets, il a également réussi à le faire avec trois mots, coordonnant ainsi des pensées plus complexes.
Selon Irène Pepperberg, nous sommes en présence de créatures dont l’évolution a connu une histoire très différente, mais qui présentent le même type de comportement, censé solliciter des structures cérébrales particulières. Cela pourrait signifier que les origines de la communication complexe remontent à beaucoup plus longtemps que ce que les scientifiques ne le supposaient, et qu’elle peut s’appliquer à d’autres espèces que les primates.
L’expression « parler comme un perroquet » désigne couramment le fait de répéter quelque chose sans réfléchir, sans aucune arrière pensée. Si les perroquets d’Irène Pepperberg avaient vent de cela, ils pourraient s’en offusquer. Ils ne sont certes pas prêts à jouer le roi Lear à Broadway, mais font néanmoins preuve d’une certaine maîtrise du langage, dont le commun des mortels ne les croirait pas capables à première vue. Jamais il ne leur viendrait à l’esprit que Griffin (comme son célèbre homologue Alex) puisse non seulement demander un écrou, mais aussi le type d’écrou qu’il désire, qu’il soit capable d’identifier des objets par leur forme ou leur couleur, ou encore d’indiquer le nombre de ceux qu’il a sous les yeux. Griffin peut même préciser à la vue d’un triangle bleu et d’un carré bleu qu’il s’agit de la même chose, autrement dit de la même couleur et que quelque chose diffère (la forme).
C’est là tout l’objet de l’étude, qui consiste à faire réaliser des associations verbales et visuelles aux perroquets. Chacun sait qu’au cours de leur dévoloppement, les enfants sont en mesure de combiner des objets concrets à peu près au même moment qu’ils le font avec des concepts verbaux. Par exemple, ils peuvent placer un petit gobelet dans un plus gros et dans le même temps, associer judicieusement deux mots tels que « veux cookie ». Rassembler trois objets coïncide globalement avec leur capacité de former un groupe cohérent de trois mots, tel que « veux encore cookie ».
Au début, cela ressemblait davantage à une faculté qui distinguait l’homme des autres animaux.
Mais les découvertes effectuées ont permis d’établir que le langage des signes utilisé par des singes entraînés suivait les mêmes étapes de développement. Actuellement, il semble que les psittacidés du Docteur Pepperberg soient en mesure de faire tout aussi bien. Cela n’est pas sans intérêt, car ce constat permet d’affirmer que cette capacité de conceptualiser dépasse les humains et les primates, puisqu’elle touche aussi une catégorie d’animal dont le cerveau est complètement différent. Cette étude pose un certain nombre de questions perturbantes. Par exemple, on pensait jusqu’alors que chez l’homme et le singe, ce mode de développement résultait de la maturation d’une zone cérébrale spécifique. Existe-t-il une structure semblable dans le cerveau des perroquets ou des oiseaux en général, bien que le cerveau aviaire soit organisé différemment ? Si tel est le cas, quelle est-elle et où est-elle située ?
De même, comment ce type de développement intellectuel se manifeste-t-il dans la nature ? Les psittacidés sauvages ne parlent pas français ou anglais, mais ils communiquent néanmoins. Leur langage ressemblerait-il plus au nôtre que nous ne l’avions soupçonné ? Irène Pepperberg aimerait connaître ces réponses, mais il est particulièrement difficile d’étudier la communication de ces oiseaux à l’état sauvage, car ils parcourent de longues distances en peu de temps et sont exposés à une gamme beaucoup plus étendue de sons et stimuli que ceux élevés en captivité. Cependant, le Docteur espère en avoir un aperçu en plaçant des magnétophones dans les nids pour écouter les vocalisations échangées entre les parents et leurs petits.
Source : http://www.sciencenetlinks.com/
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