La prolifération d’espèces invasives en Europe, grandeur ou décadence ?
Aux quatre coins de l’Europe, des espèces venues d’ailleurs prennent peu à peu leurs quartiers. Elles arrivent par la terre, les airs, en bateau ou en avion, pesant de plus en plus importante sur notre environnement.
En Allemagne, dans la ville d’Hambourg, les containers contiennent bien davantage que les marchandises déclarées. Dans les balasts, des crabes chinois arrivent dans les ports avant de coloniser les cours d’eau, à l’intérieur des terres. Les longicornes débarquent de Chine et les ratons laveurs se sont installés dans les marais allemands. Toutefois, il semble que les ratons laveurs ne constituent pas une réelle menace pour la biodiversité, contrairement à la réputation qu’ils se sont forgée.
Les nandous, qui sont les plus grands oiseaux d’Amérique du sud, ont également réussi à s’acclimater. Ils se nourrissent et s’abritent dans les champs de colza. En 2001, six d’entre eux se sont échappés d’un élevage. Au début, il était interdit de les chasser, ce qui leur a permis de se multiplier, mais le nombre croissant d’accidents de voiture dûs à leur présence a fait réagir le gouvernement. Selon les gardes forestiers, ils seraient trente déjà à l’heure actuelle. Mais les concernant, on peut considérer que la menace n’est qu’indirecte en réalité.
Sur la zone portuaire, les espèces et plantes exotiques arrivent de plus en plus nombreuses et résistent de mieux en mieux, ce qui laisse penser que leur venue définitive parmi nous n’est plus qu’une question de temps. La mise en place d’un système de filtration des ballasts permettrait de filtrer les intrus, pour protéger la faune locale.
Les premières invasions remontent à cinq cents ans, lorsque Christophe Colomb a découvert les Amériques. Un petit animal de quelques centimètres de long, le taret, est alors revenu avec lui, rongeant les coques des bateaux, ce dont l’aventurier se serait volontiers passé.
Au 17 ème siècle, les plantes exotiques arrivent en Europe et les jardins botaniques se développent. Mais peu à peu, certaines parviennent à survivre au-dehors, nuisant aux végétaux locaux. Les berces géantes en sont l’exemple le plus flagrant de nos jours, une seule d’entre elles produisant près de mille semences.
Eidelberg, ville universitaire, est devenue le foyer de perruches à collier venues d’Inde. Dans les années soixante-dix, un couple s’est échappé de chez son propriétaire, s’est reproduit et a donné naissance à une population qui est actuellement de l’ordre de deux mille psittacidés. En France, de même, les colonies sont de plus en plus nombreuses chaque année.
Alexandre le grand a introduit cette espèce en Europe il y a deux mille trois cents ans, après une campagne victorieuse en Inde. Les oiseaux se nourrissent désormais dans les vergers. Les cavités des platanes leur ont permis de nicher, mais comme ils commencent à manquer, les nids commencent à apparaître dans les façades en Allemagne, au grand dam des habitants.
Un scientifique nommé Michael Brown, a eu l’idée de mettre en place des nichoirs pour les étudier, les baguer et les mesurer (cf photo ci-contre. Il le fait depuis six ans déjà. Il a pu observer que cette espèce se reproduisait beaucoup plus vite que les espèces endémiques. Chaque soir, les perruches se regroupent dans les arbres du centre ville. Leur proximité avec l’homme les rend uniques, toutes espèces confondues. Mais leur développement est un empiètement croissant sur le territoire des espèces locales, donc aussi sur la réserve alimentaire et l’espace de nidification de ces dernières. Le fait de vivre en colonie leur permet par ailleurs d’échapper à des prédateurs tels que les chats.
A Thuringe, une fourmi exotique, la Lasius neglectus, survit sans difficulté. Elle élève des pucerons pour en récolter le miellat. Elle résiste à de nombreuses maladies quans elle est infectée et lorsqu’elle retourne dans la colonie, ses congénères la nettoient et semblent en tirer profit, en s’immunisant à son contact. Cela permet à cette fourmi rouge de s’adapter.
A l’heure actuelle, l’Union Européenne consacre près de 12 milliards d’euros à la lutte contre les espèces invasives. 10800 animaux et végétaux indigènes ont ainsi été introduits en Europe, parfois volontairement, comme la coccinelle asiatique, parfois accidentellement, comme le moustique tigré ou le frelon asiatique. Si rien n’est entrepris dès les prémices d’adaptation des espèces exotiques, il devient très vite impossible de limiter leur prolifération par la suite.
La solution serait sans doute de cesser de relâcher dans la nature les animaux non désirés et d’éradiquer purement et simplement ceux qui sont en liberté disent certains scientifiques, mais cela heurterait non seulement la population, mais aussi les instances internationales. Alors que faire ?
Sources :
L’invasion des espèces exotiques, Arte
Aujourd’hui en France
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