Les perroquets reconnaissent-ils leurs semblables uniquement grâce à des critères physiques ?
La nature des rapports interspécifiques (entre espèces différentes) pouvant se tisser ont fait l’objet d’une étude menée par les scientifiques. Le but était de vérifier si en présence de congénères d’une espèce différente de la leur, les perroquets pouvaient s’attacher au même titre qu’avec un congénère appartenant à leur propre espèce.
Pour ce faire, deux variétés de Conures, des Conures à front orange (Aratinga canicularis eburnirostrum) et des Conures aztèques (Aratinga astec) ont été observées dans différentes conditions. D’abord en volière communautaire, puis dans des cages, avec diverses combinaisons, pour déterminer la présence éventuelle de caractéristiques spécifiques liées à l’espèce ou à l’individu et intervenant dans la socialisation.
Un mâle Conure à front orange (cf photo ci-contre à droite) a pour commencer été apparié avec une Conure aztèque femelle dans une même cage, en étant privé de la vue de ses congénères. Les deux oiseaux se sont attachés l’un à l’autre, jusqu’au moment où d’autres individus eburnirostrum ont été introduits avec eux. Le mâle s’est alors rapproché de ses semblables. Ce dernier ignorait complètement les Conures à front rouge de la variété canicularis canicularis, sauf pour les saluer. Il semble que le salut soit un comportement basé sur les caractéristiques physiques spécifiques d’une espèce (comme le fait d’avoir un front orange par exemple). Mais pour évoluer dans la socialisation, d’autres critères devaient intervenir. C’est du moins ce que pensaient les chercheurs. Pour s’en assurer, ils ont « déguisé » une Conure aztèque (cf photo en fin d’article) autre que celle qui avait été placée avec le mâle, pour lui donner l’apparence d’une Conure à front rouge. Cet oiseau n’a pas obtenu davantage que des saluts de courtoisie.
En revanche, lorsqu’un individu ebunirostrum que le mâle ne connaissait pas du tout a été placé dans la cage de ce dernier, il a été accepté après plusieurs jours seulement, tandis qu’il a accepté immédiatement tous les mâles déjà connus qui appartenaient à sa colonie. Cela démontre que le mâle a reconnu ces derniers grâce à des caractéristiques individuelles ou communes aux membres du groupe. Une femelle ebunirostrum que le mâle de référence connaissait et avait déjà acceptée auparavant a alors été maquillée à son tour, cette fois en vert, pour masquer la tache orange située sur son front. A son arrivée dans la cage, il a fallu une heure au mâle avant de pouvoir l’identifier. Dans le délai, il lui a servi un coktail de saluts entrecoupés de menaces.
L’expérience a été répétée pour en vérifier la validité et les résultats ont été validés. Sur le plan phénotypique, les perroquets ont divergé beaucoup plus loin que leur fécondité interspécifique ne l’indiquait au départ. Seule l’existence d’un petit nombre d’hybrides a été référencée, et l’on suppose que la variété des particularités observables associée au fait de vivre en clan et à la capacité de reconnaître les individus ou les membres de leur colonie, jouent un rôle dans l’isolement des espèces les unes par rapport aux autres à l’état sauvage. Néanmoins la faculté de tisser des liens avec des espèces différentes semble résulter de l’absence de congénère, qu’il soit du même sexe ou pas, même si ceux du sexe opposé sont plus rapidement acceptés. Cet « autre » dissemblable exercerait donc un rôle de placebo.
Source : « Sociality and Evolution in Certain Aratinga », Hardy
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