Quel est le rôle de l’objet dans le jeu chez les animaux juvéniles ?

Le jeu occupe un rôle important dans l’évolution des animaux, surtout au stade juvénile. Les recherches effectuées dans ce domaine ont mis en évidence l’existence d’effets immédiats, à long terme, voire les deux, sur le développement des aptitudes et comportements des espèces.

La manipulation des objets peut aussi revêtir une dimension exploratoire. C’est le cas notamment chez les primates et les perroquets, chez qui Fago l’a mise en évidence en 1981, en rapport avec la dimension ludique apportée par l’utilisation d’un accessoire. Cela ne passe pas seulement par des jouets manufacturés que l’on peut acheter dans le commerce, puisque ceux rencontrés dans leur environnement peuvent en faire office. Les études menées semblent indiquer que les animaux jouent quel que soient leur âge avec un objet, qu’il s’agisse des corbeaux qui utilisent une brindille ou des chevaux qui peuvent même employer un ballon.

L’usage d’accessoires pour jouer n’a cependant été observé scientifiquement que pour la crème des mammifères tels que les chats, chiens, corvidés, perroquets, rongeurs, primates et furets, pour ne citer qu’eux. La science a sans doute choisi la voie de la commodité, ces espèces étant plus maniables et accessibles que d’autres, mais aussi moins sujettes au stress suscité par la vie en captivité, même si une réserve pourrait être émise quant aux perroquets.

Mais la fonction précise de l’objet dans le jeu semble le plus souvent se rapporter à une activité adulte. Cela suggère que les animaux immatures jouent pour s’entraîner en vue d’un comportement futur. L’objet leur permet de répéter les actes de prédation pour les prédateurs, l’usage d’un outil pour les primates et les perroquets. Il les exerce aussi à stimuler leur curiosité en vue d’explorer et maîtriser leur environnement.

Cela semble également contribuer à développer leurs capacités motrices et leur perception. De façon générale, jouer avec un accessoire procure aux immatures des opportunités d’apprendre et s’exercer à adopter un comportement dont la maîtrise peut s’avérer vitale dans leur vie future.

Cependant, les données scientifiques font largement défaut dans ce domaine pour valider cette thèse. D’ailleurs, le fait qu’un chaton manque de jouets ne fait pas pour autant de lui un adulte dont les fonctions prédatrices sont moins performantes. Cela ne fait aucune différence dans son comportement de chasseur adulte par rapport à un autre qui aurait bénéficié de tous les accessoires possibles pour jouer, comme l’a démontré Caro en 1980. En résumé, le jeu avec un objet extérieur est primordial chez nos compagnons.

Peu importe l’accessoire choisi, l’important est la dimension ludique que l’on y apporte. Ce type de comportement disparaît à l’âge adulte chez de nombreux animaux, aussi est-ce un moment de partage privilégié à ne pas manquer pour interagir et ainsi influencer les comportements futurs.

Sources :

 » Animal Play, Evolutionary, Comparative and Ecological Perspectives  » , édité par Marc Bekoff

 » Play in Animals and Humans  » , Basil Blackwell, Inc ; Oxford, England, 1984

 » Animal Play: Evolutionary, Comparative, and Ecological Perspectives  » , (Marc Bekoff, John Alexander Byers)