La « morsure » chez le perroquet : la comprendre et y remédier
Pincer est naturel pour un psittacidé. Il utilise son bec pour toucher, goûter, découvrir son environnement, mais aussi pour manger, accompagner ses déplacements et se défendre.
Toutefois, à l’état sauvage, il s’en sert rarement contre ses congénères, avec qui les graves conflits sont rares. Cela lui permet seulement de se protéger contre les serpents et autres prédateurs. Ainsi, la « morsure » ne fait pas partie de ses instincts habituels. Cependant, les usages courants dans la nature ne sont pas forcément adaptés à la vie en communauté avec un humain.
Il convient tout d’abord de s’interroger sur les origines, les déclencheurs de morsure :
- dans quelles circonstances l’agression -t-elle eu lieu ?
- quelque-chose a-t-il changé dans son environnement (peinture des murs, nouveau jouet, déplacement de meubles, etc.) ou votre comportement ?
- l’oiseau est-il récemment arrivé chez vous ?
- a-t-il eu une ou plusieurs vies avant sa venue récente dans votre demeure ?
- quelque chose (enfant, animal,etc.) a-t-il pu l’effrayer ?
Voici autant de questions que vous devez vous poser pour tenter de cibler le facteur déclencheur. Ce comportement n’étant pas coutumier chez le perroquet, on peut logiquement déduire qu’il peut être renforcé pour être encouragé ou au contraire découragé. Cela peut être motivé par le désir de contrôler ou encore celui de survivre. Il peut pincer s’il a peur, est blessé, ou soumis à des poussées hormonales. Mais souvent, cela s’explique aussi par le fait qu’il ne comprend pas quel est le bon comportement à adopter.
Selon Liz Wilson, le meilleur moyen d’éviter les blessures qu’il pourrait vous infliger reste encore d’observer son attitude. Le langage corporel est très explicite chez la plupart des espèces. Le gris relève les plumes lorsqu’il est mécontent, l’Amazone s’exprime bruyamment en simulant des coups de becs, les pupilles se dilatant et se contractant rapidement. Tous ces signes d’énervement vous indiquent qu’il vaut mieux attendre plus tard pour établir un contact physique avec votre oiseau, sous peine de représailles.
Les jeunes sujets n’ont aucune idée de la puissance de leur bec, surtout s’ils ont été isolés de leurs frères et sœurs. Aussi, les jeux entre becs et doigts humains sont-ils déconseillés, les cris de douleur étant perçus comme les stimuli d’un jeu. Sans le savoir, vous apprenez alors à votre oiseau à mordre. Car contrairement à nous, les psittacidés aiment que l’on crie pour leur répondre, cela se rapprochant davantage de leur mode de communication. Le cri est donc pour eux une réponse positive à un comportement donné. Imaginez leur joie : ils pincent un doigt grassouillet, et un « couinement » se fait entendre! C’est un jeu fabuleux!
L’oiseau peu également utiliser son bec comme troisième patte, pour prendre appui lorsqu’il monte sur votre main. si vous réagissez alors en criant et en vous éloignant, l’animal se dira que le contact de son bec fait fuir l’humain, et l’utilisera à cette fin plus tard. Si l’humain ne peut maîtriser sa réaction de peur, l’oiseau en tirera parti pour le contrôler.
Surtout n’ayez jamais de réaction violente envers votre agresseur ailé, car vous dénatureriez durablement vos relations avec lui. Donner une tape sur le bec en disant « non » n’a aucun effet non plus, car des études ont démontré que les petits coups de becs faisaient partie des jeux entre perroquets. Les cris qui vont avec sont eux une réponse inappropriée, puisqu’ils aiment cela.
Le seul moyen de faire évoluer cette attitude est au contraire d’encourager les comportements positifs. Vous êtes la main nourricière, et à ce titre, identifié comme une entité dominant le clan. Le comportement gênant sera découragé en premier lieu par un regard désapprobateur marqué. L’empathie ressentie par ces « bêtes à plumes » est telle que votre attitude ne passera pas inaperçue. Vous accompagnerez cela d’un « non » (sèchement et sans crier).
Faites-le ensuite monter sur votre main, en accompagnant le mouvement d’un mot prononcé d’une voix douce mais ferme, puis sur l’autre, et recommencez trois à quatre fois. Cela s’appelle « l’échelle ». Le but de cette manœuvre pacifique est de lui faire comprendre que vous êtes LE membre de référence du groupe, contrairement à lui. Désormais votre compagnon à plumes saura ce que signifie l’échelle…
Source : « Les perroquets mordeurs », Liz Wilson, comportementaliste américaine
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