Alimentation : comment certains serpents parviennent-ils à découper leurs proies ?
Lorsque les serpents se nourrissent, ils avalent leur proie entière, sans la mastiquer. Cela implique de leur procurer uniquement celles n’excédant pas la taille de leur bouche. Cependant, il semble que certains puissent passer outre cette loi de la nature.
En effet, d’après les scientifiques, ils seraient capables de déchirer ce qu’ils avalent. Une seule espèce est connue pour avoir cette faculté. Il s’agit du Gerarda prevostiana, originaire d’Inde, du Sri-Lanka, de Thaïlande, de Singapour et des Philippines. Il enroule son corps autour des crabes qu’il capture, pour les bloquer, puis arrache successivement avec sa bouche les pattes et des morceaux de leur corps, afin de portionner ses prises et les ingérer (voir vidéo ci-dessous). Ce comportement unique en son genre ne semble pas découler d’aptitudes nouvellement développées.
En juin 2002, Harold Voris, co-auteur de l’étude menée, notait cette singularité. Ce serpent est le seul à agir ainsi, sans aucune adaptation de sa morphologie pour y parvenir. Il a été découvert dans une forêt de mangrove, à Singapour. Son observation a eu lieu en laboratoire tout d’abord, grâce à des caméras à infrarouges, puis à l’état sauvage.
Une espèce voisine, « Fordonia leucobalia », a elle aussi été vue déchirer des morceaux de ses proies. Mais chez cette dernière, cela s’explique par une hypertrophie de la musculature crânienne et la présence de courtes dents à l’extrémité émoussée.
Etonnamment, ces deux reptiles ont le même régime alimentaire, mais ont développé deux stratégies différentes de le consommer. Gerarda prevostiana s’est spécialisé dans les crustacés mous ayant récemment mué, tandis que Fordonia leucobalia s’y intéresse lorsque leur carapace est rigidifiée.
C’est ainsi que là où la plupart des serpents n’ont d’autre choix que de trouver des proies n’excédant pas la taille de leur bouche, deux espèces appartenant à la famille des Homalopsidae sont parvenues à contourner la difficulté. Elles ont évolué différemment, la première adaptant son comportement, la seconde subissant des transformations physiologiques, le tout avec un type de proie particulièrement ciblé.
Sources :
http://www.sciencedaily.com/
http://rmbr.nus.edu.sg/
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