Vous avez dit imprégné ? (Des perroquets et des hommes, l’impact de la vie à nos côtés)
Le fait d’accueillir chez soi un perroquet imprégné par l’humain semble nous garantir sa docilité, son obéissance et, par là même, notre ascendant sur lui. Or force est de constater que nous nous faisons des illusions, et que le perroquet nous imprègne tout autant que nous l’imprégnons : si l’homme tente d’imprimer sa marque sur le perroquet, ce dernier, à coup sûr, enfonce ses griffes sans effort dans notre liberté.
Un perroquet, par sa présence et son évolution à travers notre maison et notre intérieur, finit par bouleverser et remodeler insidieusement tout notre espace et redéfinir complètement l’aménagement de notre habitat ainsi que notre conception de la décoration. Si les cages, perchoirs, jouets et autres accessoires finissent par envahir tous les coins de la maison, les objets qui définissaient autrefois notre intérieur, et par là nos goûts propres, ont tendance en revanche à disparaître.
Potentiellement dangereux pour notre perroquet, ou attisant sa curiosité gustative, ces objets sont soit définitivement éliminés de notre intérieur, soit recouverts de couches protectrices peu esthétiques. Meubles en bois recouverts, abats-jours, fenêtres et miroirs voilés, candélabres sans bougies… A la fois allégé et alourdi, notre habitacle perd un peu de son âme.
Non content de régner en maître sur notre espace habitable, le perroquet va également petit à petit modifier et influencer notre style vestimentaire. Certaines couleurs, autrefois portées avec prédilection, seront délaissées parce-qu’elles provoquent sa défiance ou son agressivité, certaines matières ou textures seront elles aussi abandonnées, car trop vulnérables face aux assauts répétés des griffes et du bec de notre compagnon. Enfin, bijoux et maquillage appuyé seront soigneusement évités en sa présence pour ne pas subir sa colère ou sa concupiscence…
Et que dire des relations ou amis que nous ne reverrons plus, pour cause d’incompatibilité d’humeur réciproque avec notre tyran à plumes ?
Mais, me direz-vous, ce ne sont là qu’apparences, l’empreinte laissée par le perroquet est somme toute superficielle… Certes, mais l’apparence est le reflet de notre intimité. Vivre avec un perroquet est un choix qui laisse des traces se révélant à la longue. Mais cette empreinte n’est pas une réduction en esclavage ni une aliénation, si nous l’envisageons avec lucidité et si nous consentons librement à cette école du dépouillement et de l’humilité.
Source : Christine
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