Vous prendrez bien un caca-café ?
En Indonésie, une pratique quelque peu stupéfiante a cours dans les établissements délivrant des boissons chaudes. En effet, l’une des variétés café servie est obtenue à partir de crottes de civette. On nomme cela le « Kopi Luwak ».
Non, vous n’avez pas lu de travers ou trop fumé de moquette aujourd’hui, il s’agit bel et bien de l’une des consommations à la carte. Le principe est de faire consommer des fèves de café à des civettes. Les animaux ne les digérant pas, les fèves traversent leur système digestif en demeurant intactes, mais les enzymes digestives ont pour effet de réduire l’amertume du goût des grains, avant que ces derniers ne soient expulsés dans les excréments. C’est là que la « récolte » a lieu.
Etonnamment, une fois le breuvage préparé, il semble que l’aventure intérieure confère à ce café une douceur et une pureté uniques. Certains lui trouvent un arôme de caramel et de chocolat.
Aux Etats-Unis et à Londres, ces grains aromatisés se vendent désormais à prix d’or. En effet, il faut compter environ 70 euros (75 Dollars) les 113 g.
Très prisé, le Kopi Luwak a connu un pic de popularité vers 2008, son coût ayant alors subi une hausse phénoménale. Il est redevenu plus accessible depuis, avec un succès particulièrement important à New-York, et sa consommation reste encore anecdotique en France.
Vanté par les amateurs de café, le goût du Kopi Luwak (qui signifie café de civette) laisse encore de nombreux consommateurs perplexes. Tim Carman, critique gastronomique, a été jusqu’à le qualifier de « crottes de dinosaure fossilisées trempées dans l’eau du bain ».
Mark Pendergrast, historien du café, estime quant à lui que dans le monde du luxe, ce qui a avant tout valu la notoriété de ce breuvage si spécial est sa rareté, non ses qualités gustatives, qui n’ont que peu d’intérêt. Il est très cher parce-qu’il est difficile de s’en procurer selon lui, voilà tout.
L’ennui est que la hausse de la demande a également conduit à certains excès pour augmenter le rendement. Ainsi, alors que les civettes étaient à l’origine sauvages, elles ont été mises en cage pour ne rien perdre de leurs précieuses déjections. De plus, certains éleveurs vont jusqu’à utiliser du café robusta, moins coûteux, pour avoir accroître leur bénéfice.
Pratique ancestrale en Indonésie, la consommation du Kopi Luwak existait déjà au début du XVIII ème siècle. Les Allemands ayant alors interdit aux fermiers locaux de prélever des fèves de café pour leur usage personnel, ces derniers avaient eu l’idée d’utiliser celles rejetées dans les crottes de civettes sauvages, qui en consommaient à volonté, elles, se nourrissant de l’enveloppe extérieure des grains.
Il existe aussi, de nos jours, suivant la même technique de préparation, un café de bouse d’éléphant vendu quelques 1150 euros (1100 Dollars) les 113 g, ainsi qu’un café Brésilien obtenu à partir des fientes de l’oiseau Jacu. Certes, en période de pénurie, ces pratiques pouvaient sembler compréhensibles. Jusqu’où ira-ton pour avoir le meilleur caca-café au monde ? Avec un prix record de 750 euros le kilo pour le Kopi Luwak à l’heure actuelle, quoi cela sert-il d’être riche, si c’est pour manger des excréments ?
Source : http://www.huffingtonpost.com/
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