Les animaux pensent-ils ?

Un documentaire a récemment été diffusé sur Arte, sous l’intitulé  » Les animaux pensent-ils ?  » . Pour répondre à cette question, les chercheurs ont mis en place une série de tests destinés à évaluer les capacités cognitives d’un Cacatoès, d’un chimpanzé, d’un pigeon, d’un chien, d’un orang-outan, d’un Nestor Kéa et d’un corbeau.

A Kyoto, deux chimpanzés du centre de primatologie maîtrisent les chiffres. En effet, Ay et Ayumu sont capables d’identifier des symboles abstraits et de les classer correctement, autrement dit remettre dans l’ordre des nombres de 1 à 15, même s’ils apparaissent de façon aléatoire.

Leur rapidité dépasse l’entendement, car Ayumu peut retenir quinze nombres et, en 15 centièmes de secondes, les replacer dans l’ordre, alors même qu’ils sont disposés différemment à chaque tentative. Les chiffres apparaissent moins d’une seconde. Un humain met vingt centièmes de secondes à en replacer cinq dans l’ordre, le singe en met seulement cinq.

Micky, le Cacatoès, est quant à lui en mesure de résoudre à un casse-tête de taille. Il doit tout d’abord comprendre comment ouvrir un quintuple système de verrou pour atteindre la friandise cachée dans une boîte. Mais il semble que le perroquet ne se contente pas de mémoriser une séquence mémorisée pour atteindre son but, puisque lorsque certains verrous sont retirés, il ne reproduit pas son comportement à l’identique pour parvenir à ses fins. Il serait donc capable de faire le lien entre les différentes étapes lui permettant d’y parvenir.

Les macaques de barbarie ont un répertoire de sons précis pour interagir entre eux. Mais ils n’ont pas de  » langue  » à proprement parler. Les animaux peuvent utiliser des signes mais ne peuvent les combiner comme le feraient les humains. Mais cela ne signifie pas qu’ils soient incapables de penser. Dominique Perler considère que la fonction syntaxique, l’armature grammaticale, est ce qui manque aux animaux, car ils ne peuvent former des messages complexes en articulant les signes entre eux.

La langue précéderait-elle la pensée ? Josep Call, ethologue de Leipsig le croit en tout cas. Il a mis en place une expérience pour le démontrer. Une cacahuète est placée au fond d’un tube. Un orang-outan nommé Daguna dispose de nourriture et d’eau et doit trouver comment récupérer la cacahuète. La guenon imagine une stratégie pour l’extraire du tube qui l’emprisonne. La femelle ne tarde pas à penser à remplir le tube d’eau pour la faire remonter et l’extraire. Mais des enfants âgés de 4, 6 et 10 ans vont mettre largement plus de temps pour parvenir au même résultat. Les animaux sont plus attentifs à l’analyse du problème et des paramètres de l’environnement avant d’agir. Daguna est aussi capable d’anticiper l’usage d’un outil en le conservant, ce qui démontre qu’elle va au-delà de la simple résolution du problème auquel elle a été confrontée une première fois.

Les corbeaux ne montrent pas d’hésitation particulière non plus lorsqu’il s’agit de résoudre des problèmes complexes, s’adapter à une situation nouvelle, y compris en utilisant un outil lorsque leur bec ne suffit pas. Les choucas sont capables de transmettre à leurs petits ce qu’ils apprennent, développant ainsi un savoir collectif. Ils sont même en mesure de se souvenir d’un individu connu trois ans auparavant, y compris de la nature des relations entretenues avec celui-ci. Cela leur permet d’adapter leur comportement lorsqu’ils le rencontrent.

Le pigeon et le Nestor Kéa savent classer des objets par catégorie. Les oiseaux peuvent s’adapter aux circonstances pour résoudre un problème, y compris s’ils sont confrontés à des changements de configuration répétés. Les enfants jusqu’à un an et demi ont besoin de suivre le regard de l’humain pour comprendre ce qu’il doivent regarder. Les chiens aussi. La pie peut retirer une pastille de couleur collée sur ses plumes si elle la voit dans un miroir. Cela démontre qu’elle reconnaît sa propre image dans un miroir. On sait à présent que les animaux ont conscience de savoir ce qu’ils savent, mais peuvent aussi déduire ce que pensent leurs congénères.

Les animaux ont de nombreuses aptitudes communes avec l’Homme, et semblent nous surpasser dans de nombreux domaines. Dès les années 1960, Jane Goodall démontrait que les chimpanzés pouvaient utiliser un outil révolutionnant l’idée que seuls les hommes en étaient capables. Nous sommes certes, les plus intelligents, mais les animaux savent peut-être mieux utiliser leurs capacités que nous ne le faisons. Ils ont encore beaucoup à nous apprendre.

Ce documentaire a été tourné en Allemagne en 2012. Il dure 52 minutes. Vous pouvez actuellement le visionner en ligne ICI
ou profiter de la rediffusion prévue sur Arte, le dimanche 21 avril 2013, à 09h55.

[youtube http://youtu.be/dOgN4epVNS8]

Remerciements : merci à Minimec de nous avoir communiqué l’existence de ce documentaire.

Source : Arte.